Soft Machine – The Soft Machine

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Édition : CD, Big Beat – 1989

Style : Rock Psychédélique, Progressif, Jazz

Note : ★★★★½

Attention : disque majeur !

Ce premier album de la Machine Molle (merci à William S. Burroughs pour avoir inspiré le nom du groupe) sera une véritable matrice par laquelle naitra un courant musical hyper important dans l’histoire du prog et du jazz-rock : le Canterbury. Pourquoi ce nom ? Parce que c’est celui du quartier londonien d’où sont originaires les mecs de Soft Machine et de Caravan (autre groupe majeur rattaché au style). D’autres groupes et artistes britanniques s’inspireront de ce qu’on appellera « L’école de Canterbury », comme Egg, Nucleus, Khan, National Health, Camel et Henry Cow. Ces derniers érigeront d’ailleurs les fondations d’un autre style (inspiré du Canterbury) : Le Rock in Opposition… mais c’est une histoire pour une autre chronique ça 🙂

Le Canterbury sera d’ailleurs exporté un peu partout. Du côté des Pays-Bas, il y a eu Supersister et Ekseption. Chez les Français, il y a les très rigolos Moving Gelatine Plates. Les Italiens ne sont pas en reste avec deux groupes assez exceptionnels : Picchio dal Pozzo et Area. Les Américains ont eu les Muffins. On retrouve même un groupe de Canterbury assez tardif (fin 80s) au Japon : Mr. Sirius!

Et on ne peut passer sous silence le plus important exemple hors-UK : Gong. Ce groupe fut créé en France par l’Australien Daevid Allen, qui était alors membre de Soft Machine ! Ce dernier tentait de rejoindre le Royaume-Uni (pour réintégrer le groupe) après un séjour sur le vieux continent… mais son passeport n’était pas valide alors il demeura en France et fonda sa propre « version » du groupe (bien différente, ceci dit). Je me demande parfois à quoi aurait ressemblé un univers sans Gong mais avec un Soft Machine influencé par les idées et concepts de Allen le déluré 😉

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Le groupe à ses débuts… alors que Daevid Allen était encore de la partie

Je vous donne tous ces noms mais le Canterbury, ça sonne comment exactement ? Et bien, comme une tonne de choses en fait… Un peu comme avec le Rock Progressif (dont le Canterbury est un sous-genre ou plutôt une sous-scène), c’est assez vaste. Les groupes ne se ressemblent pas tous et certains sont même très différents les uns des autres au niveau de la musique. Les points de ressemblances sont les suivants : une étrangeté loufoque (habillement, thèmes abordés), un côté psychédélique fort prononcé, des paroles obscures et/ou délirantes (le dadaïsme et le surréalisme sont deux influences majeures) et des pièces qui mélangent à merveille des passages jazz improvisés à des moments ouvertement pop et accessibles.

Bref, la minute historique maintenant passée, qu’en est-il de ce disque-genèse du Canterbury ?

Et bien, il est moins ouvertement jazzy que ce qui suivra. C’est avant tout un redoutable disque de rock-pop psychédélique fortement influencé de la scène beat. C’est aussi un grand condensé de bonheur et aisément un des disques les plus diablement joyeux de ma collection. Impossible ne pas avoir un gros sourire de défoncé sur la tronche à l’écoute ! On est ici à mi-chemin entre les berceuses acides du Pink Floyd mouture Barrett, de la pop psychédélique des Byrds et du rock des Doors ; mais en beaucoup plus aventureux et avec une plus grande maitrise technique.

Après le départ non prévu de Allen, le groupe est maintenant un trio dont chaque membre a son style et sa personnalité propre. Il y a le légendaire Robert Wyatt, chanteur à la voix résolument unique (reconnaissable en une nanoseconde) et batteur fortement inspiré par le be-bop et le hard-bop. Il y a le guitariste/bassiste fantaisiste Kevin Ayers, un peu le Syd Barrett du groupe et celui qui donne au disque ce côté « berceuses lysergiques pour enfants pas sages ». Et pour finir, l’impérial Mike Ratledge aux claviers, l’éminence sombre du groupe qui aime bien expérimenter/improviser à fond avec ses joujoux électriques.

Les titres s’enchaînent sans interruption, ce qui fait que l’album se sépare en deux longs mouvements composés chacun de petites piécettes dadaïstes, de ritournelles hallucinogènes et d’envolées flamboyantes d’acid-rock semi-improvisé. La batterie est particulièrement orgiaque à travers tout le disque. Gros coup de coeur perso pour « So Boot If at All », la pièce de résistance du disque (7 min et demie) où les inclinaisons futures du groupe transparaissent le plus (c’est jazzy-licieux). Et je suis aussi un fan fini de « We dit it again » qui sonne très Gong avec son côté hypnotique-répétitif-cyclique. Est-ce qu’Ayers a volé cette compo à Allen 😉 ?

Vraiment un excellent disque de rock/pop psychédélique et une oeuvre historique dans l’élaboration d’un genre (avec le premier Caravan). J’ai longuement hésite à lui mettre la note maximale… mais finalement, je me garde une petite gêne parce que la suite est encore plus remarquable. Cependant, c’est un album à posséder d’urgence pour tout fan de musique psychédélique et/ou de prog !

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Broadcast – Haha Sound

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Édition : CD, Warp – 2003

Style : Dream Pop Psychédélique, Space Age Pop, Musique électronique

Note : ★★★★★

« I’ll always be here if you want to color me in » nous dit notre Trish adorée sur la pièce séraphique qui introduit ce 2ème disque officiel de Broadcast. Cette chanson nous demande poliment qu’on lui fasse une petite place dans notre vie. Et elle est patiente. Elle sait qu’elle y prendra uniquement sa place petit à petit, au fil des écoutes, au gré des années qui passent et nous changent, des joies et des peines, des expériences nouvelles… Elle nous accompagnera à travers tout cela et prendra progressivement ses teintes fantasques, magnifiques, surréalistes… Et on ne pourra plus jamais s’en passer de cette chanson magique. Douce nostalgie d’un futur qui ne s’est pas encore révélé.

Cette merveille de dream pop flottante passée, Broadcast nous assène tout de suite leur morceau le plus lourd et robotique ever. « Pendulum » est un brulot space-rock qui abrite en son sein bon lot de dissonances électriques. La rythmique est à mi-chemin entre le post-punk et le kraut-rock. Les sonorités empruntent à la musique industrielle et au no-wave (on pense presqu’à Suicide). Déjà en deux titres, Broadcast nous démontre l’expansion de leur vocabulaire sonore ahurissant. On retombe en territoire un peu plus connu avec un « Before we Begin » qui rappelle le précédent album. My Bloody Valentine passé dans le collimateur de Joe Meek. Beauté plastique de la pop 60s croisée à un prod électronique rétro-futuriste. Que c’est beau. Et pour continuer dans le resplendissant, on se tape ensuite une reprise/adaptation du thème principal du film Valerie and her Week of Wonders, chef d’oeuvre de la nouvelle vague tchèque et un des films de « genre » les plus éblouissants qui soient (c’est accessoirement un de mes 10 films préférés, tous genres confondus). On savait que le couple Keenan/Cargill avaient de bons goûts musicaux mais ce sont aussi de fins cinéphiles ! Vraiment plaisant de retrouver Broadcast dans un contexte plus folk (bien que trituré de bidouillages électro-analogiques).

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Autre beau morceau de dream pop gorgé d’échos lancinants, « Man is Not a Bird » est surtout remarquable pour sa batterie à la fois agile et aquatique. Ceci est Kraut-licious à souhait. Le petit coda nous rappelle les travaux électroniques de Delia Derbyshire et c’est évidemment exquis ! Le rêve discographique se poursuit jusqu’au petit instrumental très chargé « Black Umbrella », encore un hommage réussi à la musique de bibliothèque (j’adore cette appellation). « The Ominous Cloud » est une autre de mes chansons préférées du disque. Apesanteur céleste dans cette mer de nuages chargés d’une électricité psychotronique. « Distortion », c’est Broadcast en mode Sun Ra Arkestra. Dissonant, confus, instable, expérimental à fond ; avec ces rythmiques jazzy/avant-gardistes. Et on dirait bien que Stockhausen s’est invité à la jam-session sur la fin ! « Oh How I Miss You » est une très courte complainte dont le message est, aux dires de plusieurs, adressé à leur amie Mary Hansen, guitariste/chanteuse de Stereolab qui, lors de l’enregistrement du disque, venait de périr dans un tragique accident 😦

« The Little Bell » est une de ces berceuses énigmatiques-minimalistes dont seul Broadcast a le secret. Autre grand moment de musique qui arrive tout discrètement : « Winter Now ». Je l’écoute présentement alors que par la fenêtre j’admire la chute majestueuse d’une cohorte de flocons et je me sens tout chose… Cette pièce est pure magnificence. On dirait un de ces girls-group 60s produits par le psychopathe préféré des petits et grands (Phil « Sirop » Spector) mais au ralenti et avec encore plus de reverb. Le mur de son du refrain m’amène toujours des images de ces niveaux hivernaux dans Mario 64, pour une obscure raison. Enchanteur as Fuck. Comme à leur habitude, Broadcast nous balancent leur superbe en pleine gueule avec le dernier titre du disque : « Hawk ». Encore un mystère que cette pièce de cloture qui est aussi rêveuse que chargée. Des touches Morriconesques (les arrangements, bordel de bordel !), une rythmique hypnotique et une Trish plus désincarnée que jamais… Le genre de morceau à écouter avant d’aller se coucher (rêves étranges garantis !).


Encore une fois, Broadcast frappe très fort (mais avec toute leur douceur caractéristique). HaHa Sound est facilement un des meilleurs disques pop du 21ème siècle ; le genre d’album qui rend un hommage éloquent au passé tout en étant résolument tourné vers l’avenir. Des mélodies énormes. Des arrangements somptueux. Des chansons impérissables. Un chef d’oeuvre.

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Broadcast – The Noise Made by People

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Édition : CD, Warp – 2000

Style : Dream Pop, Space Age Pop Psychédélique

Note : ★★★★★

Premier véritable album de Broadcast ; premier chef d’oeuvre absolu. Ce disque, c’est un peu un condensé extatique de presque tout ce que j’aime en musique. La meilleure space age dream pop électro-psychédélique sixties enfumée EVER (sublimée par une prod électronique à mi-chemin entre le vintage et la modernité). Les sons de claviers les plus ensorcelants ever. Un mixing de fou. Des arrangements morriconesques. Du fuzz par ci par là. De la batterie Silver Apples-esque. Des chansons à faire baver de pâmoison jusqu’à l’étourdissement. Et comme si ce n’était pas assez : un travail remarquable sur les atmosphères fantomatiques, conférant à tout le disque cet aspect « library music » qui me chavire autant la matière crise que le coeur (qui bat très très fort pour cet album).

Ah ouais, et il ne faut JAMAIS oublier de parler de Trish. Parce que Trish, c’est mon amour secret. Ma sirène damnée. La tentatrice qui nous susurre ses secrets et ses mélancolies à l’oreille. Et tout ça avec une  impassibilité froide qui peut la faire paraître presque robotique/inhumaine à première écoute. Mais il n’en est rien… À mesure qu’on se familiarise avec Broadcast, on commence à entrevoir qu’il y a en elle un océan d’émotions confuses; prêt à déborder à tout moment. Mais elle se restreint, la Trish, gardant toujours sa prestance glacée qui convient à la musique du groupe… Bon Dieu qu’elle me manque d’ailleurs celle-là. Un départ hâtif et imprévu de l’autre côté du miroir qui observe… Elle ne chante plus dans notre monde, mais je suis convaincu qu’un autre planisphère peut se ravir de sa voix miraculeuse en ce moment même.

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« The Noise Made by People » débute avec un morceau on ne peut plus flottant. « Long Was the Year » a probablement été enregistré sur un cumulonimbus. Impossible sinon d’expliquer cette apesanteur sonore ainsi que ces perturbations climatiques. Dur de faire mieux comme intro d’album que cette incantation électrique à la fois lourde et rêveuse. On retourne ensuite sur le plancher des vaches pour un « Unchanging Window » qui est vachement film noirish. Vous vouliez du Dream Lounge nocturne ? En voici une belle rasade mes amis ! C’est aussi ténébreux que lumineux, légèrement jazzy, opiacé/endolori à souhait et il y a cette batterie paresseuse qui fait mouche. Un autre morceau que n’aurait pas renié le maestro Ennio ! Après un court (et délicieux) interlude ambiant qui aurait aisément pu figurer dans la bande son du film Carnival of Souls, nos tympans déjà enjoués s’apprêtent à faire connaissance avec une certaine forme de perfection pop… Vient « Come On Let’s Go », LA pièce par laquelle mon amour invétéré pour Broadcast a vu le jour. Que dire de plus à part le fait que cette chanson est absolument magistrale ? Je défie quiconque de l’écouter et de ne pas sentir qu’il ou elle lévite au moins juste un peu. Tout est ridiculement magique ici. Ces claviers cotonneux (atmosphériques en diable) qui surplombe le tout, ces autres synthés gialllo-licieux, cette batterie tellement euphorisante et par dessus ça ya Trish qui te demande d’aller avec elle, qui te dit qu’elle sera toujours là pour toi (fantasme suprême) et qui t’invite à oublier la superficialité de la plupart des rapports humains modernes. Comment ne pas fondre à l’écoute d’un tel morceau ? Il n’est pas rare que je me le remette 2-3 (voir 8) fois à chaque fois que j’écoute l’album.

On poursuit notre périple avec un autre des plus grandes pistes de Broadcast à mon humble avis : Echo’s Answer. Ici, pas de batterie. Que des oscillations électroniques ; une sorte de dream drone qui fait office de tapisserie sonore éthérée. Et mamzelle Keenan qui chante ce beau texte surréaliste par dessus. Autre pièce purement instrumentale, « The Tower of Our Tuning », se rapproche un peu de ce que pourrait donner le post-rock dans une forme plus psychédélique. Très très cool. L’autre single du disque, « Papercuts », est presque aussi bonne que « Come On Let’s Go », ce qui n’est pas peu dire. Souvenirs sepia-jazzy d’une relation (amitié ou amour ? ce n’est pas clair) qui semble tourner au vinaigre… Les claviers sont ici plus lourds et électriquement mal calibrés, ce qui confère une noirceur un peu malsaine au tout. Le refrain est juste fabuleux, digne de sieur Bacharach à sa meilleure période (mais un Burt qui verserait plutôt dans le chamanisme). On reste dans le trouble et le dérangement avec « You Can Fall ». Ce disque commence vraiment à verser dans les ténèbres hirsutes… L’instrumentation exploite totalement ce côté « décalé », ce qui donne un aspect presqu’inquiétant au titre. On est pas loin du Electric Storm de White Noise.

On continue notre voyage au bout de la nuit avec un « Look Outside » qui se conclut sur une envolée instrumentale presque western spaghetti. Vient alors mon autre morceau préféré de l’album : Until Then. Magie. Magie. MAGIE !!! Cette espèce de complainte folk médiévale (avec sa simili-flûte entêtante à l’appui) qui se retrouve supportée à mi-chemin par une guitare FUZZ rutilante me fait presque chialer à chaque écoute. C’est le premier morceau que j’ai écouté après avoir appris la mort de Trish. Et que dire de cette finale tétanisante ? Un moment « électro-acoustique » extatique qui a de quoi surprendre l’auditeur qui pensait écouter un petit disque de downtempo sympathique.

« City in Progress » essaie de s’extirper du brouillard qui sévit depuis déjà un bon bout mais n’y parvient pas… Des passages foutraques et mécaniquement déficients viennent entrecouper le morceau d’une bien admirable façon. Et il y a aussi ces voix masculines déshumanisés (ou est-ce les claviers ?) qui sont loin d’être rassurantes. La destination finale, « Dead The Long Year », est encore moins réconfortante. C’est une sorte de jam noctambule-acide, très kraut-rock, avec cette intro/outro vraiment lugubre qu’on pourrait entendre chez Stockhausen. Je me répète mais les gens de Broadcast aiment bien nous laisser sur un morceau obtus en diable et différent de tout ce qu’ils nous ont servis jusqu’à ce moment…

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Encore une fois, je me suis suffisamment épanché (trop même, diront certains) sur ce disque. Mais le résumé de mes élucubrations c’est que « The Noise Made by People » vaut fichtrement le coup. C’est un très grand album. Cela fait bientôt 20 ans qu’il est sorti et il n’a pas vieilli d’un poil. Que tous ceux qui aiment leur pop aventureuse, psychotronique, émotive, grandiloquente, rétro-futuriste (et toutes ces belles choses) ne passent pas à côté de ce disque et de ce groupe, aisément un des plus sous-estimés de l’histoire.

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Broadcast – Work and Non Work

broadcast-work-and-nonworkAnnée de parution : 1997

Édition : Vinyle, Warp – 2015

Style : Dream Pop, Space Age Pop Psychédélique, Trip-Hop, Électro-pop, United States of America worship (le groupe, pas le pays).

Note : ★★★★½

Dès que je me mets un Broadcast dans le mange-disque et que les premières notes éthérées et doucereuses s’envolent dans l’éther (devenu sublimé et brumeux par l’occaz), je me sens tout chose… Mon cerveau se remémore des souvenirs vaporeux d’événements que je n’ai pas vraiment vécus… Une intense nostalgie pour un passé uchronique m’assaille tous les sens. Car quand on écoute la musique de ces Anglais amoureux d’atmosphères libidineuses et de textures ouatés, on a vaguement l’impression de se trouver à une de ces sauteries musicales dans un club illicite (car illégal) de l’Angleterre fin sixties ; plus particulièrement celle de l’univers dystopique du Maître du Haut Chateau (de Philip K. Dick, ce géant de la SF). Magnifique propriété atemporelle qu’est celle de la pop-psychée de Broadcast. Voyage dans une mer de sons familiers et qui ont pourtant cet aspect complètement « autre » (que je ne saurais mieux définir que par ce mot).

L’album présentement chroniqué n’en est pas vraiment un… C’est en fait une compilation des débuts du groupe (singles et EP). Mais la cohésion est telle que je le considère comme une oeuvre unifiée. La matière sonore de Broadcast était déjà cohérente et maitrisée à souhait dans ce ramassis d’essais merveilleux. Leurs influences multiples et vénérables (USOA, Silver Apples, White Noise, Morricone, la BBC Radiophonic Worshop, l’exotica, le yé-yé, la library music, la sunshine pop, le dream pop, le lounge, la musique électro-acoustique et les trames sonores de films de genre 60s/70s) sont déjà toutes présentes et même si le désir de rendre hommage est assez évident, ils réussissent toujours à ce que la somme de ces influences donne un tout résolument unique et personnel. Ça a toujours été la force première de ce groupe. Ça et des chansons complètement folles, elles-mêmes transpercées de parts et d’autre par ce spectre sonore analogiquement hanté. Parce que la musique de Broadcast est un fantôme. Mais un fantôme bienveillant qui possède la collection vinyle complète d’Esquivel.

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FACE A : Le disque débute avec le très downtempo « Accidentals ». Opium-musique porté par des claviers vieillots et cette prod jazzy-trip-hop un peu distante. C’est un peu comme si Victorialand des Cocteau Twins avait été enregistré en 1968 par un groupe de freak-pop, avec une prod signée Jean-Jacques Perrey et/ou Jean-Claude Vannier. Délicieuse et lascive introduction que voilà. On se tape ensuite le premier succès mineur du band, « The Book Lovers », pièce qui avait réussit à rejoindre un plus vaste public vu qu’elle figurait dans la bande son du premier Austin Powers (et ne faisait pas pâle figure à côté du génial « Incense and Peppermints » de Strawberry Alarm Clock). Ici, c’est l’opulence. Arrangements morriconesques (période lounge-giallo), cordes concupiscentes, batterie kraut, échantillonnage sonore à foison, claviers miraculés et au coeur de tout cela : la voix magnifiquement ensorcelante de Trish Keenan (une de mes chanteuses préférées de tous les temps). Une voix superbement posée, douce, juste, faussement frêle et toujours empreinte d’un profond mystère. C’est beauuuuuuu !!! Et accessoirement, cela aurait fait un foutu bon thème de James Bond ! Un petit coda très Boards of Canada (du genre « musique de fond d’un vieux documentaire sur la migration des saumons d’eau douce ») fait alors place à la géniale « Message from Home ». L’influence du grand Ennio dans sa période freak-beat-psych est encore bien présente dans le choix de l’instrumentation et ces breaks de batterie alléchants. « Phantom », c’est quand Mort Garson s’invite au studio le temps d’une berceuse instrumentale spécialement composée pour les poissons solubles (de Breton). La première moitié du disque se termine sur « We’ve Got Time » qui aurait fait un super thème d’épisode de Dr. Who ou autre film de SF obscur et nébuleux. Le travail sur les claviers est ici singulièrement réussi/inusité.

FACE B : C’est un « Living Room » entrainant et folichon qui introduit ce deuxième côté. Ce morceau plaira forcément aux fans finis de Stereolab (comme moi) vu un passage très kraut-rock au centre de la pièce. De plus, le titre me donne le goût de passer un après-midi dans le salon du couple Cargill/Keenan (à écouter des obscurités sur vinyle ou se mater des perles de la nouvelle vague tchèque). On retourne dans la langueur avec « According to no plan », piste très particulière… C’est une autre berceuse fantasmatique, obtuse, entre rêve et cauchemar, bourrée à pâmoison de claviers planants/ronronnants que n’auraient pas renier nos amis de White Noise. S’ensuit ma chanson préférée de toute la compilation : « The World Backwards ». Aaaaah, ce morceau !!! Cette basse ultra-cool, cette tapisserie sonore qui vient colorer le tout de teintes kosmiques, ce refrain enchanteur qui me fait lever tous les malins petits poils de mon entité corporelle, cette putain de voix magique (Trish, je t’aime !), ce passage très « Jaromil Jireš » où le rideau se lève et on entrevoit cet autre monde cabalistique qui n’est que le reflet diffus de notre réalité… Through the looking glass… Facilement un de mes 10 morceaux préférés du groupe. Le disque se conclut sur la bien nommée « Lights Outs ». Broadcast aime bien terminer leurs offrandes discographiques sur une énigme sonore bluffante… nous laissant errer à la frontière de cet autre univers évoqué plus haut. C’est pleinement réussi avec ce morceau de cloture divinement extra-terrestre (ces claviers, bordel !).

Bref, donc, voilà… Que ceux qui disent que cette compil est dispensable se taisent sur le champ ! De toute façon, TOUT est essentiel dans la disco de Broadcast. Et cette courte compilation est un point d’entrée idéal dans l’univers fascinant du groupe.

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BaBa ZuLa – XX

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Édition : 2 Vinyles + 1 CD, Glitterbeat – 2017

Style : Rock Psychédélique Turc, Dub, Folk, Istanbul Psychedelia

Note : ★★★★½

Cela fait maintenant 20 (intenses) années que Osman Murat Ertel, son comparse Mehmet Levent Akman (et leurs nombreux potes/invités) oeuvrent au sein de BaBa ZuLa. Ce sont un peu les patriarches d’une scène psych-underground turque en pleine ébullition (et qui rappelle la belle époque 60s/70s des Moğollar, Erkin Koray, Selda, Barış Manço, Edip Akbayram et co, influences reconnues chez BaBa ZuLa d’ailleurs). Pendant ces deux décennies, l’ensemble (né des cendres du génial groupe ZeN) aura fait la pluie et le beau temps, alternant des albums concis/structurés et d’autres presque totalement improvisés et expérimentaux, composant aussi des musiques pour films et pièces de théâtre à travers tout cela. La vaste majorité de ce qu’ils ont sorti sur disque est complètement orgasmique.

Donc, 20 ans de qualité et d’innovation, ça se célèbre ! Et comme BaBa ZuLa ne fait rien comme les autres, ils célèbrent avec un « Best of » qui n’en est pas vraiment un… Sur cette belle compilation, on ne retrouve aucune version de chanson/pièce issue des albums studio du groupe. Au lieu de cela, ils ont choisis des remixes, des versions « lives », des ré-enregistrements récents faits juste pour la compil, des collabos avec d’autres groupes/artistes. Bref, on a QUE de l’exclusif ici, ce qui est assez cool en comparaison des compilations usuelles. Et malgré cet aspect, je crois sincèrement que « XX » dessine un portrait très juste et représentatif d’un groupe aussi polyvalent que l’est BaBa ZuLa.

À quoi ressemble la musique de ces joyeux drilles ? Dur de résumer vu le côté « explorateur et en constante évolution » de la chose. Avant tout, je dirais qu’en tant que dignes héritiers de la scène « pop anatolienne » des late 60s/early 70s (évoqué ci-haut), BaBa ZuLa est un groupe de folk/rock psychédélique qui s’inspire fortement du folklore musical de leur beau pays. MAIS (car il y à toujours un MAIS), ils modernisent le tout en y incorporant une bienveillante dose de DUB interstellaire (basse, quand tu nous tiens !). Mariage réussie entre la modernité et la tradition, entre l’orient et l’occident. Et à cela s’ajoutent le spectre sonore d’une multitude d’autres genres musicaux : le jazz, le trip-hop, le prog, la musique concrète, l’ambient, des fields recordings, etc…

La première moitié est composée des « nouvelles vieilleries » (ré-enregistrées, remixées, en pestak et tout le tralala). C’est un magnifique voyage à travers les brumes indicibles d’une musique intemporelle, groovy, acide, planante, salace, opiacée, nocturne, incantatoire… Une visite des dessous enfumés d’une Istanbul surréaliste (on est bien loin des clichés touristiques ici), le tout porté par des voix (souvent féminines) qui vont faire dresser tous les malins petits poils de votre entité corporelle. La seconde moitié, c’est du DUB non-stop. Et bordel que c’est bon ! Le tout se savoure sans arrière pensée et nous donne le goût de creuser la disco d’un groupe malheureusement méconnu par nous, pauvres petits nord-américains mal informés de la richesse musicale qui existe tout partout sur notre bonne vieille Terre. Et pourquoi pas : écouter aussi d’autres artistes issus de ce coin de pays magique (je tenterai d’y revenir lors de chroniques futures)

Cette compilation est une magnifique porte d’entrée… Ouvrez la grand, très grand. Vous ne serez pas déçus.

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White Noise – An Electric Storm

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Édition : CD, Island – 2007

Style : Psychédélisme, Électronique, Avant-Garde, Pop Perverse Damnée et Folichonne, Tape Music, OVNI

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Note : ★★★★★

Dans les grands chef d’oeuvre ovni-esques méconnus des sixties acidulés/enfumés, il se dresse là ; non pas sur le trône mais juste à côté… C’est plutôt le fou du roi c’disque. Un clown moqueur mais damné, le visage (mal-rasé) barbouillé d’un maquillage approximatif qui sent pas très bon, les cheveux en broussaille, la gueule pleine de dents pourries, le regard absent. Un clown qui aime autant raconter des blagues salaces/déplacées en faisant de ridicules pirouettes que faire des ballounes AVEC des animaux (plutôt que l’inverse). Un chic type, quoi.

Quand je pense à la musique qui alimente le mystérieux univers des rêves et des cauchemars, je ne peux m’empêcher de penser tout de suite à ce premier opus subversif de White Noise. On tient là un véritable bad-trip sonore comme il ne s’en faisait tout simplement pas à l’époque (et même après, du moins pas dans cette forme bien particulière)… Il y a tout sur ce chef d’oeuvre de musique sombre et hallucinée : de la pop de chambre parfaite, du proto-électronique bien barré, du psychédélisme, du dark ambient, de l’humour, de l’horreur, du sexe, du plaisir, de la folie à foison, des atmosphères incroyables ainsi que des expérimentations sonores diverses (du sampling, utilisé aussi à outrance pour une des premières fois, en passant par l’impro et par un travail de post-production incroyable qui met beaucoup d’accent sur la stéréophonie).

Ce disque est une perle noire oubliée dans les brumes du temps – un vrai petit bijou soixante-huitard qu’il fait bon découvrir aujourd’hui et qui n’a perdu de son pouvoir incantatoire. J’imagine à peine la claque qu’on prit ceux qui l’ont acheté à l’époque de sa sortie mais d’après les commentaires que j’ai lu sur le net, cet album a été une source de crainte et d’incompréhension pour bien des gamins en 1969-70. C’était le disque de papa ou du grand frère drogué qu’on avait peur d’écouter, pensant qu’on allait être possédé par un esprit malveillant ou un démon vespéral…

An Electric Storm est surtout l’oeuvre de David Vorhaus, un des grands pionniers de la musique électronique. Vorhaus était d’abord et avant tout un contrebassiste classique mais c’est son passé dans les sciences physiques (domaine d’étude dans lequel il a gradué) et son background d’ingénieur électrique qui l’ont poussé vers le monde de la musique électronique. White Noise est né lorsqu’il a rencontré Delia Derbyshire et Brian Hodgson, qui formaient alors un groupe appelé Unit Delta Plus (les deux comparses travaillaient aussi à la BBC Worshop et sont entre autres responsables pour la création du thème de la culte émission Dr. Who !). Le trio créé son propre studio dans Camden (le nord de Londres) et se met à expérimenter avec du matériel à la fine pointe technologique de l’époque, dont le fameux EMS VCS3, premier synthétiseur de fabrication anglaise… Rapidement, les 3 acolytes se font remarqué par Chris Blackwell, leader du prestigieux label Island, qui les signe et leur donne une avance de 3000 livres pour l’enregistrement DU disque qui va populariser la ME (finalement, il n’en sera rien, et ce même si l’album s’est relativement bien vendu). Il y a alors un buzz important autour de la musique électronique ; on peut penser au premier album des Silver apples ou au seul opus de The United States of America, avec lesquels An Electric Storm créé une sorte de trilogie non-officielle de la ME expérimentale de la fin des 60s.

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David Vorhaus

C’est à New York que Vorhaus décide d’aller enregistrer son oeuvre maîtresse, choix judicieux s’il en est, parce qu’à l’époque, la grosse pomme est l’endroit-clé pour l’avant-garde. Ya le Velvet évidemment, mais aussi les disques ESP, les ci-haut mentionnées Pommes Argentées, ainsi qu’une scène de Free Jazz incroyablement riche. L’enregistrement est long et laborieux (c’était l’album avec le plus de samples à son époque, bien qu’il a du être largement dépassé par DJ Shadow et les Avalanches dans un lointain futur!), tellement que le boss de Island perd patience et finit par exiger le produit fini, ce qui fait que la dernière piste (le terrible « Black Mass ») a été improvisé en une nuit qui a du être passablement épique. Le résultat final ? MiNd=FuCkInG-BlOwInG !!!

L’album commence tout en douceur, dans les réverbérations de « Love Without Sound », génial morceau de pop atmosphérique brumeux, planant et bourré d’effets que n’auraient pas renié les bon vieux Residents (sauf que là, c’est au moins 5 ans avant les Residents). Le tout est cotonneux à souhait mais on sent pointer le malaise déjà… Des pleurs féminins, des rires bizarroïdes, des bruits de torture. On comprend alors le trip de White Noise : déconstruire la musique pop à l’intérieur même de la dite formule. Cette première face du disque sera donc dédié à ce noble but. Vient ensuite « My Game of Loving », rencontre au sommet entre Brian Wilson et Luc Ferrari. Un thème génial qui fait très film d’espion sur acide est porté par des voix céleste et des percussions iraniennes mais se voit entrecoupé succinctement par des voix de femmes françaises et allemandes (les voix de la tentation!). S’ensuit alors une orgie en studio. Oui-oui. Une vraie partouze gémissante, avec cris de jouissances passés dans le malaxeur de Vorhaus qui, tel un François Pérusse des ténèbres, joue sur les sons pour rendre le tout assez malsain… Retour alors à notre mélodie initiale qui cette fois sonne plus étrange que tantôt (le maestro joue avec nos cerveaux). Et on revient alors à l’orgie qui se voit maintenant greffée d’un aspect Bondage-SM pétrifiant (avec sons de vent occulte et solo de batterie en prime). C’est fou qu’un tel passage ait pu passer sans être censuré à l’époque ! Le morceau se termine sur un ronflement, comme si tout jusqu’à présent n’a été qu’un rêve opiacé…

S’ensuit alors le terrible « Here Comes the fleas », première pièce que j’ai entendu du projet et qui saura séduire les fans de Mr. Bungle par son aspect hyper diversifié et folichon. C’est certes un morceau plus léger et rigolo mais ça parle quand même d’un mec qui n’a absolument rien lavé chez lui (y compris son propre corps) depuis six semaines… « Firebird » est la perle ouvertement pop de l’album. Sorte de délire lysergique à la sauce Beach Boys qui reste solidement scotché dans la matière grise pendant des heures (avec son espèce de chant de sirène en arrière fond).

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Delia Derbyshire

Retour aux ténèbres avec le dernier titre du premier côté du disque, l’intrigante « Your Hidden Dreams »… Les vocaux de Delia (je pense que c’est elle qui chante, mais je ne suis pas certain) sont aussi magnifiques que mystérieux, et rappellent par moments ceux de Björk, notre Islandaise préférée. Les paroles semblent joueur sur l’aspect diabolique et tentateur de la femme, un thème récurrent sur l’album (c’est elle qui a bouffé la pomme après tout !) :

Why do you let it hold you?
Life must be lived in full view
In every sin there must be pride
Your hidden dreams can’t be denied
Take me, and you’ll begin to understand.

Ces vocaux sont murmurés comme un secret terrible… La musique qui accompagne ce récit est parfois tranquille (mais on parle d’une tranquilité pleine de menaces obscures) et parfois s’emballe pour devenir inquiétante à souhait (cette batterie pleine de reverb qui joue les marteaux piqueurs, ce piano étrange, ces cordes angoissées…). Tout ici nous prépare magnifiquement pour ce qui va s’ensuivre sur l’autre côté : l’enfer.

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« The Visitation » surprend à la première écoute… Du indus/dark-ambient en 1968-69 ? Le tout commence comme ça, en tout cas. Une montée horrible et bruyante qui s’achève sur un long cri perçant. Et le mantra se fait alors entendre, plus lugubre que jamais : « Young girl with roses in her eeeeeyes ». On s’imagine bien le Donovan de la pochette de « A Gift From a Flower to a Garden » susurrer ces paroles dans un champ de maïs en plein milieu de la nuit (brrrrr….). Les paroles et les sons semblent relater la fin tragique d’un couple à travers un accident de moto assez sanglant où le jeune homme est tué… Mais attention, l’aspect fantomatique, c’est que l’histoire est narrée par le conducteur qui revient d’entre les morts pour « visiter » sa douce encore en vie. Tout cela est accompagné par des bruits de motos spectraux, des pleurs de jeunes filles, le sons des cloches et des montées proto-industrielles… Ce morceau est un putain de chef d’oeuvre hallucinant et totalement en avance sur son temps tout en étant pourtant étrangement emblématique de son époque.

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Trouvez pas qu’il fait peur vous ?

On finit le tout avec une belle petite messe noire dont le thème initial me fait penser, je ne sais pourquoi, à une version vocale du thème du stage de Bowser dans Super Mario 3. Sur cette longue piste improvisée, White Noise recrute l’excellent percussionniste de free jazz Paul Lytton (Evan Parker, Area, London Musician Collective) qui fait de la magie à travers une mer de sons caverneux. Rapidement, d’autres biscorneries électriques, hurlées, réverbérées, se joignent au délire méphistophélique. C’est vachement malsain ce qui se passe ici. La litanie tribale dédiée au mal ne se termine pas dans la joie et l’allégresse, je peux vous le confirmer…

An Electric Storm est un grand disque insolite et aventureux. On regrettera que les essais suivants de Vorhaus sous le même nom tombe dans une New Age un brin moins intéressante… Mais avec ce premier opus discographique, le bonhomme s’assure une place au panthéon des musiques sombres et expérimentales, dont l’influence se fait aujourd’hui encore sentir sur une tonne de trucs. Un grand, TRÈS grand disque. Peace out !

RADIO TaTARI – Épisode 8 – Pop Baroque Special

d’Endives et Noegrut associés vous présentent (avec amour) cette émission spéciale composée à 100% de délicieuse pop baroque (attention : peut contenir des traces d’arrangements somptueux).

En fin 2017, une amie m’a fait la demande spéciale de concocter un épisode consacré à ce genre qui trouve racine dans la deuxième moitié des sixties sucrées. Cet épisode t’est donc dédié Élyse ! J’espère que tu vas l’apprécier.

J’ai voulu bien sûr illustrer la richesse de la production de 1966 à 1970 en insérant des groupes et artistes qu’on ne présente plus (Beach Boys, Donovan, les frères marcheurs) mais la vaste majorité de la sélection est composée de pépites méconnues… Car le plaisir vient bien souvent de la découverte, n’est-il pas ? De plus, j’ai aussi voulu présenter des pièces du genre issues d’autres époques, comme les années 70, 80, 90 et 2000. C’est pourquoi on retrouve un mec comme le chanteur folk Sufjan Stevens (digne transfuge d’un Van Dyke Parks au niveau des arrangements), le groupe jangle pop The Pale Fountains, nos brit-popeux préférés en la forme de Blur, l’incréééédible groupe post-punk féminin Dolly Mixture ainsi que l’extra-terrestre Kate Bush (qui s’adonne ici à une version 80s synthétique/magique/mystique de pop baroque).

Pendant toute la préparation (éclair) de l’épisode, mon bon ami Noegrut (dont les connaissances du style bottent sévèrement le postérieur des miennes) a agit comme conseiller et m’a envoyé à peu près 700 suggestions via texto… Je crois d’ailleurs qu’il m’en envoie encore alors que j’écris ces lignes. Il y aura donc du matériel pour un second épisode sur le thème éventuellement.

Je vous souhaite beaucoup de plaisir à l’écoute de cet épisode et je vous laisse sur cette question : Quel style musical seriez-vous intéressé que j’exploite lors du prochain épisode spécial ? Répondez dans les commentaires !

TRACKLIST :

  1. Prelude / To Claudia on Thursday (Begin, 1968) by The Millennium
  2. Would You Believe (Single, 1968) by Billy Nicholls
  3. Easter Theatre (Apple Venus Volume 1, 1999) by XTC
  4. Some Velvet Morning (Nancy & Lee, 1968) by Nancy Sinatra & Lee Hazlewood
  5. Pretty Ballerina (Walk Away Renée/Pretty Ballerina, 1967) by The Left Banke
  6. Odyssey (The Smoke, 1968) by The Smoke
  7. Epitaph (You’ve Come This Way Before, 1968) by Nancy Priddy
  8. Paris 1919 (Paris 1919, 1973) by John Cale
  9. Lewis Takes Off His Shirt (Heartland, 2010) by Owen Pallett
  10. Have You Seen Your Brother Lately (Studio, 1967) by Tages
  11. Fly (Suddenly One Summer, 1968) by J.K. & Co.
  12. Nevertheless it was Italy (Playback, 1967) by The Appletree Theatre
  13. Mister Watchmaker (We Are Ever So Clean, 1967) by Blossom Toes
  14. Army Dreamers (Never for Ever, 1980) by Kate Bush
  15. My World Fell Down (Present Tense, 1968) by Sagittarius
  16. She’s Alone (Montage, 1969) by Montage
  17. The Universal (The Great Escape, 1995) by Blur
  18. Widow’s Walk (Song Cycle, 1967) by Van Dyke Parks
  19. Take a Picture (Take a Picture, 1968) by Margo Guryan
  20. Golden Brown (La Folie, 1981) by The Stranglers
  21. Wear Your Love Like Heaven (A Gift From a Flower to a Garden, 1967) by Donovan
  22. Come On! Feel the Illinoise! (Illinois, 2005) by Sufjan Stevens
  23. Emily Small (The Huge World of Emily Small, 1967) by Piccadilly Line
  24. Show Me The Way (Small Faces, 1967) by Small Faces
  25. Lisa (A Gift from Euphoria, 1969) by Euphoria
  26. Thank You (Single, 1982) by Pale Fountains
  27. Lonely Boy (The Story of Simon Simopath, 1967) by Nirvana
  28. Archangel (Single, 1966) by The Walker Brothers
  29. Whistling in the Dark (Demonstration Tapes, 1982) by Dolly Mixture
  30. Good Vibrations (Smile Sessions, 2011) by Beach Boys

Acid Mothers Temple & The Melting Paraiso U.F.O. – Electric Heavyland

acid-mothers-temple-electric-heavylandAnnée de parution : 2002

Édition : CD, Alien8 – 2002

Style : HIPPIES MANGEURS DE CHAIR HUMAINE !!!! / Mais qu’est-il arrivé au Japon ? – Étude sociologique en trois volets

Note : ★★★★

Vous trouviez qu’avant, Acid Mothers Temple c’était du lourd ? Electric Heavyland est là pour remonter la barre de 170 décibels de plus. Vous criez « ARIGATO !!! » à gorge déployé lorsqu’on s’amuse à assassiner vos tympans de la plus impitoyable façon ? Vous aimeriez entendre ce que ça donne un jam épique entre le Floyd époque-Barrett, le Hendrix Experience et Funkadelic… mais le tout remixé par notre bon ami Merzbow ? Pour vous, Raw Power des Stooges fait office de musique matinale, accompagnant superbement la dégustation de vos rituelles toasts Nutella-bananes ? Electric Heavyland est là pour vous, bande de désaxés. Il se dresse sur votre chemin, menaçant, barbu et souriant (mais un sourire de cocaïno-psychopathe vraiment inquiétant là). Il t’attend dans les étoiles infernales et irréelles où trône Azatoth et sa mâchoire disproportionnée (voir Lovecraft), pour te faire subir ton plus imposant bad trip à vie. Il règne sur la noirceur et le chaos, avec ses milles et un grooves qui te jettent au tapis, ses innombrables licks de guitare acide qui tachent, ses effusions électroniques dissonantes au possible, son rock apocalyptique juste trop FUCKING LOURD… Si tu as les couilles de l’affronter, il te récompensera pour ta bravoure (ou ta stupidité).

C’est le genre de musique que produirait le monument dans 2001 : Space Odyssey si il avait un band. C’est le son d’un million d’étoiles qui meurent et qui renaissent en choeur (je sais qu’il n’y a pas de sons dans l’espace – mais mettons que). C’est le Big Bang qui s’est levé avec la gueule de bois ce matin et qui réalise qu’il n’y a que des reprises de « Dallas » à la télé. C’est le son de ta tête qui s’éclate au ralenti sur le béton après une fausse manoeuvre en roller-blade alors que t’es sur le PCP et que tu t’imagines des zèbres en costards qui fument des Havane.

Ici, pas de ballades folk acidulées qui laissent entrevoir des sous-bois enchanteurs et brumeux. Pas de drone à la sauce Moyen-Orient by way of Saturne. Au menu, il y a seulement trois intenses morceaux de Rock-Noise-Groovy de malade mental, prêts à exploser à tout moment (sans jamais y parvenir). « Atomic Rotary Grinding God / ? Quicksilver Machine Head » débute avec une très courte intro au synthé qui fait très « film de science-fiction des années 50 » mais bien rapidement, nos oreilles se voient confrontées à un ouragan sonore des plus puissants. Les guitares hurlent à n’en plus finir, tentant de recréer le premier album de Ash Ra Tempel en version satanique. Les claviers on ne peut plus malsains viennent saturer le tout d’électricité statique. Les autres instruments (dont cette batterie, loin dans le mix, qui délire grave) sont seulement là pour épaissir encore plus le maelstorm sonore. Et il y a encore les occasionnels vocaux (affreusement géniaux) de Cotton Casino, qui ici se prend pour Maria Callas (mais qui a préalablement englouti des champignons magiques sans s’en rendre compte). « Loved and Confused », référence zeppelinienne, continue dans la même lignée : sacrer des coups de marteau sur la tête de l’auditeur. Un délire de stoner-guitare se trouve être le fondement de ce morceau de 17 minutes ; les autres instrumentistes s’amusant à faire n’importe quoi autour (mais en le faisant FORT). Rendu à « Phantom of Galactic Magnum » (qui se trouve à être, suprise !, un autre monstrueux freak out bruyant et brutal), on est sur le cul, lessivé et anéanti par ces océans de larsen sans pitié.

Bref, voilà là un album qui ne fait définitivement pas dans la dentelle. Il est à réserver aux vrais de vrais fans endurcis d’Acid Mothers Temple.

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RADIO TaTARI ­- Episode 5 – Special Horror Soundtracks

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Bin, salut là.

Je profite de cette belle soirée de Janvier 2019… pour vous souhaiter un très bel Halloween 2017 !!! « Mais kesk’il fait là, le con ? » seriez-vous en droit de vous demander (et vous auriez bien raison)…

Et bien, jadis, j’ai publié quelques épisodes de RADIO TaTari sur Mixcloud mais j’ai réalisé avec HORREUR récemment que je ne les avais même pas publié sur le blog en question ! Voilà pourquoi les quelques personnes qui suivent mes élucubrations radiophoniques ont peut-être remarqué qu’on est passé directement de l’épisode 4 (épisode hommage à la ravissante Yolande Ouellet, grande dame de la Trifluvie qui nous a malheureusement quitté trop tôt, partie taquiner les p’tits baveux et les bums de bas étage au 7ème ciel, AMEN) à l’épisode 7 (où on pouvait entendre, en intro, les gémissements un brin malsains de Éric, l’homme-violon).

Voici donc, sans plus tarder, le premier de ces épisodes « oubliés », que j’avais spécialement fait pour l’Halloween 2017.  Au programme : trames sonores de films d’épouvante (avec quelques petits giallos par ci par là).

Il y bien le Noel du campeur… alors pourquoi pas l’Halloween surgelé de la nouvelle année ? ENJOY (pour toutes les âmes perfides et damnées) !

Tracklist :

  1. extrait #1 (Let’s Scare Jessica to Death) by Orville Stoeber & Walter Sear
  2. « I remember » (The house by the cemetery) by Walter Rizzati
  3. Suspiria (Suspiria) by Goblin
  4. Henry Theme (Henry – Portrait Of A Serial Killer) by Robert McNaughton
  5. Fiend Discovered and Titles (Blood on Satan’s Claw) by Marc Wilkinson
  6. Main Title (Halloween III: Season of the Witch) by John Carpenter & Alan Howarth
  7. Death (Under The Skin) by Mica Levi
  8. La Lucertola (Lizard In A Woman’s Skin) by Ennio Morricone
  9. Générique (Les Diaboliques) by Georges van Parys
  10. Le Frisson des Vampires (Le Frisson des Vampires) by Acanthus
  11. Ave Satani (The Omen) by Jerry Goldsmith
  12. The Shock (Shock) by Libra
  13. extrait #2 (Let’s Scare Jessica to Death) by Orville Stoeber & Walter Sear
  14. A Witch Stole Sam (The Witch) by Mark Korven
  15. Main Title (The Shining) by Wendy Carlos & Rachel Elkind
  16. Stress Infinito (Spasmo) by Ennio Morricone
  17. Menage à Trois (Nekromantik) by John Boy Walton
  18. Introduzione, Paura, Liberazione (City of the Living Dead) by Fabio Frizzi
  19. Untitled (Legend of Hell House) by Delia Derbyshire & Brian Hodgson
  20. Magico Incontro (All the colors of the dark) by Bruno Nicolai
  21. Devil’s Nightmare (Devil’s Nightmare) by Alessandro Alessandroni
  22. It’s Halloween, Not Hanukkah (Trick ‘R Treat) by Douglas Pipes
  23. Halloween Theme (Halloween) by John Carpenter (version Secret Chiefs 3)
  24. Les Lèvres Rouges (Les Lèvres Rouges) by François de Roubaix
  25. The Back Room (Tourist Trap) by Pino Donaggio
  26. Amityville Horror (Amityville Horror) by Lalo Schifrin
  27. Hyper Sleep (Alien) by Jerry Goldsmith
  28. Surreal (The Living Dead at the Manchester Morgue) by Giuliano Sorgini
  29. Sign Of The Hitch-Hiker (The Texas Chainsaw Massacre) by Tobe Hooper & Wayne Bell
  30. Bruder des Schattens, Sohne Des Lichts (Nosferatu) by Popol Vuh
  31. Profondo Rosso (Deep Red) by Goblin
  32. Matching Mirrors, Morgiana’s Prowl (Morgiana) by Lubos Fiser
  33. Helen Has Green Eyes (Possession) by Andrzej Korzynski
  34. Zombie (Zombie 2) by Fabio Frizzi
  35. Dawn Odyssey (Last House on Dead End Street) by David Fanshawe
  36. Main Title (A Nightmare on Elm Street) by Charles Bernstein
  37. Title (It Follows) by Disasterpiece
  38. Unreleased Hellraiser Theme (Hellraiser) by Coil
  39. Absurd (Absurd / Antropophagus 2) by Carlo Maria Cordio
  40. Eat (Hausu) by Asei Kobayashi & Micky Yoshino
  41. Willow’s Song (The Wicker Man) by Paul Giovanni & Magnet
  42. Droge CX 9 (Vampyros Lesbos) by Manfred Hübler & Siegfried Schwab
  43. Welcome To Creepshow (Creepshow) by John Harrison
  44. Mater Tenebrarum (Inferno) by Keith Emerson
  45. The Conjuring (The Conjuring) by Joseph Bishara
  46. Lullaby (Rosemary’s Baby) by Krzysztof Komeda
  47. Chi L’Ha Vista Morire? (Who Saw Her Die?) by Ennio Morricone
  48. It Was Always You, Helen (Candyman) by Philip Glass
  49. Carol Anne’s Theme (Poltergeist) by Jerry Goldsmith
  50. Voci Dal Nulla (The Beyond) by Fabio Frizzi
  51. The Simpsons Halloween Special End Credits Theme by Danny Elfman

RADIO TaTARI ­- Episode 4

Bonjour à tous (oui, même toi Sébastien Benoit) !

Bienvenue à ce 4ième épisode de la Radio Tatari. Un beau 3 heures (+) de pur bonheur auditif et houblonné pour le plaisir de moi seul et possiblement de 4 autres personnes, incluant un homme-tronc ainsi qu’un lama bionique lançant des éclairs par les yeux.

Les non-lecteurs de ce blog ont probablement vu que le rythme de publication des chroniques s’est grandement estompé depuis que je publie des épisodes radiophoniques… C’est un des aspects malheureux de la vie qui me limite beaucoup en temps consacré à ce site et qui me force à faire des choix. Néanmoins, j’espère avoir un rythme de croisière plus régulier niveau  écriture ces prochaines semaines mais… rien n’est moins sûr.

Je vous laisse apprécier cet épisode avec, pourquoi pas, une bonne IPA !