15 ToUNES – EP01 – Louis-Alexandre Beauregard

J’ai l’insigne honneur de vous présenter le premier épisode du nouveau projet de Musik TaTARI (le blog musical préféré des joueurs de marelle unijambistes et des lamas mangeurs de chair humaine) : les fabuleuses 15 TOUNES !

L’idée de base (très originale, j’en conviens) m’est venue lorsque j’ai demandé à mes amis et connaissances qui versent aussi dans la mélomanie aiguë de me pondre chacun/chacune une liste des 15 chansons/pièces/oeuvres musicales qui les ont le plus marqués au travers de leur vie. Comme vous savez tous (oui, même toi dans le fond de la pièce) : je suis un éternel curieux, toujours avide de nouvelles découvertes sonores incongrues. Et un nombre incalculable de ces découvertes se sont faîtes via l’entremise de passionnantes discussions avec d’autres amateurs de musique. Vous en conviendrez : autant l’appréciation de la musique peut se vivre de manière intensément personnelle, le plaisir n’est que décuplé lorsqu’elle est partagée avec d’autres personnes qui nous sont chères.

Donc, via un message sur le livre de faciès, j’ai sollicité plein de gens que j’estime à me sortir leur 15 morceaux marquants, exercice fort difficile en soi. Contre toute attente, j’ai eu un taux de participation ma foi très élevé ! L’intérêt était là. Et je me suis dit que je n’allais pas égoïstement garder ces magnifiques listes pour moi seul. Que nenni monseigneur !

La musique est partage. J’adore vous partager mes goûts. Et j’aime tout autant vous partager ceux de ces belles personnes. Cela se fera sous la forme d’une playlist hebdomadaire où je vous présenterai le jardin musical secret d’un ou d’une de mes acolytes.


Pour ce premier volume des 15 TOUNES de Musik TaTARI, l’élégant, sympathique, féérique et biconvexe Louis-Alexandre (accompagné de son inséparable flamant rose) nous offre une délectable sélection musicale.

Au menu : du Jazz spirituel LIBRE, du new age minimaliste qui fait chaud à l’âme, du rock choucroute bien funky, de belles chansons qui remuent tous les malins petit poil de l’entité corporelle, du drone narcotique qui vous fera voyager bien loin de cette même entité, de l’avant-folk, de la musique africaine ainsi que les éternels Garçons de la Playa !

Come il le dirait lui-même si bien : Come WONDER with him !

Tracklist :

01. Alice Coltrane – Shiva-Loka
02. Joanna Brouk – The Space Between
03. Can – Halleluwah
04. Silver Jews – I Remember Me
05. Townes Van Zandt – For the Sake of the Song
06. Roy Orbison – In Dreams
07. Daniel Higgs – Love Abides
08. Thee Silver Mt. Zion – Ring Them Bells
09. Eliane Radigue – l’île Re-Sonante
10. Mulatu Astatke – Yèkèrmo Sèw (A Man of Experience and Wisdom)
11. Pink Floyd – Cirrus Minor
12. Pharoah Sanders – Elevation
13. Serge Gainsbourg & Brigitte Bardot – Bonnie & Clyde
14. Marijata – I Walk Alone
15. The Beach Boys – Sloop John B

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Serge Gainsbourg – Histoire de Melody Nelson

gainsbourg_zpsjbsel4qcAnnée de parution : 1971

Édition : CD, Mercury – 2001

Style : Chanson/Narration française (suprême!), Pop Baroque

Note : ★★★★★

Et oui ! Moi aussi j’ai succombé jadis aux charmes de la Melody de sieur Gainsbourg… Comment ne pas tomber éperdument amoureux de cette ligne de basse ronde et funky qui ouvre ce chef d’oeuvre ? On réalise dès les premiers instants de ce disque que la production bute absolument TOUT sur son passage. C’est peut-être l’album qui SONNE le mieux de ma discographie (avec ses quelques 3000 cds/vinyles). Qu’est-ce qui fait la magie du son de cet album, me direz-vous ? Premièrement, ya les arrangements singulièrement parfaits du tandem d’architectes sonores que sont Gainsbourg / Jean-Claude Vannier (ce dernier étant aussi responsable d’un obscur OVNI sonore sorti l’année suivante, l’élégant « L’enfant assassin des mouches »)… Nos deux messieurs tissent ici des ambiances enfumées, tantôt aériennes (ces cordes splendides sur la sublime « Valse de Melody »), tantôt groovy au possible (cette pièce d’ouverture avec sa section rythmique transcendante). D’ailleurs, le son de cet album était tellement en avance sur son temps. Ce n’est pas pour rien qu’il s’agit là d’un des albums les plus samplés de tous les temps (Portishead étant récidivistes dans le domaine, sur leur second album surtout). Et est-ce que quelqu’un peut me confirmer si Serge et Jean-Claude avaient accès à une machine à voyager dans le temps ? Parce que l’album est bourré de beats quasi hip-hop, 10 ans avant l’apparition de ce courant musical. Bande de sacrés avant-gardistes, va ! J’adore aussi l’amalgame sinueux d’influences sonores de l’époque qu’on retrouve ici sous une forme bien personnelle et unique… musique classique, funk, soul, folk, prog, psychédélisme, jazz… Tout cela est synthétisé à merveille sur ce Melody Nelson.

Ensuite, il y a le verbe de Gainsbourg. Cet album n’est vraiment pas en reste dans le département et contient possiblement les meilleurs textes de notre homme (bien que… « L’homme à la tête de choux », ça te dépareille aussi l’appareil cognitif que t’as entre les 2 oreilles bien comme il faut). Comme d’habitude, Serge narre plus qu’il chante. De sa voix grave et pernicieuse, notre narrateur nous raconte sa brève idylle interdite avec une fillette de 14 ans (ajustez votre pédo-mètre les amis !), cette Melody Nelson qui donne son nom à l’album. Mais Melody n’est qu’un fantôme ici, une vision surréaliste et lointaine… Un peu comme la Nadja d’André Breton. On ne sait rien sur cette Melody, à part son âge et la couleur de ses cheveux. On ne l’entend que murmurer son nom à quelques reprises… Ici, le personnage principal, c’est le narrateur ; où plutôt son obsession pour sa nymphette qui disparaîtra rapidement dans ce crash d’avion en Nouvelle-Guinée, son sentiment de manque, ses réminiscences folles et vicieuses de ce qui a été et ce qui aurait pu être…

L’album est aussi un vibrant hommage à la nouvelle déesse dans la vie de Gainsbourg : la magnifique Jane Birkin. L’amour peut amener de grandes choses et L’histoire de Melody Nelson en est la preuve. Les 29 minutes les plus parfaites de l’histoire de la musique ? Peut-être bien…

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